Partout dans le monde, le sang sauve des vies. En Chine, il tue les donneurs
« Enrichissez-vous ». C’est le mot d’ordre de Deng Xiaoping au peuple chinois, lors de l’ouverture du pays au capitalisme en 1992. Les cadres du Parti politique suivront immédiatement cette idée en créant des centaines de stations d’achat de sang. Légales ou non, elles récoltent le précieux liquide de qui veut, il suffit de tendre le bras pour être payé. Un travail aisé pour les paysans de la province du Henan. Effrayés au début, la tradition voulant que la force se trouve dans le sang, les officiels les persuaderont rapidement : « Donner son sang est glorieux ». Certains le donneront plusieurs fois par jour. Un revenu facile qui permet à ces familles de survivre.
50 yuans par prise de 400 cc avec en cadeau : une hépatite B ou C ou le sida. Le sang prélevé passe dans une centrifugeuse qui isole le plasma convoité. Le résidu est réinjecté dans le corps du « client ». A chaque utilisation, les instruments doivent être stérilisés. On ne s’en préoccupe pas quand on exploite des paysans. Aucun ne connaît les dangers encourus ou n’ira se plaindre. C’est sans compter la « curiosité » des journalistes et des docteurs qui, malgré les menaces des politiques, ont mis à jour cette sordide histoire.
Il aura fallu dix ans pour arrêter cette machine infernale. Le nombre de contaminés au Henan reste inconnu et les collectes illégales continuent. Le gouvernement de la province privilégie le chiffre de 25 000 personnes contre 2 millions pour les militants antisida.
Le sang de la Chine de Pierre Haski, aux éditions Grasset. 234 pages, 18 euros. Photos de Bertrand Meunier.
Exposition des photos de Bertrand Meunier du 4 octobre au 12 novembre à la galerie Chinese Eyes, 10 rue Pecquay, 75003 Paris. Tel : 01 42 78 87 88. En savoir plus >>
Il me semble que la pratique des transfusions mortelles étaient aussi utilisées par les Khmers Rouges (voir le film S21).
Laurent L.
Rédigé par Laurent L
le Lundi 26 Septembre 2005, 14:14 Réagir
Amérique latine
et aussi en Amérique latine, et y a toujours court, sans parler des prélèvements d'organe sur les non-volontaires.
Mais aussi prélever le sang contre de l'argent, même si les conditions d'hygiène sont remplis, est criminel, car il use le corps. Les quelques sous donnés en échange ne sont que du vent comparativement à l'énergie facilement donnée/sous-tirée.
Rédigé par Anonyme
le Mercredi 28 Septembre 2005, 15:36 Réagir
Prix international des médias Le Sang de la Chine, quand le silence tue a reçu le "prix international des médias" remis par un jury de journalistes suisses dans le cadre du festival média Nord-Sud qui se tient chaque année à Genève.