Visite historique en Chine du nouveau Premier ministre japonais
PEKIN (AFP - 08/10/2006 11h49) - Le nouveau Premier ministre japonais Shinzo Abe a entamé dimanche une visite éclair mais historique à Pékin pour tenter de réconcilier les deux puissances économiques asiatiques, sur fond de menace nucléaire nord-coréenne.
Les dirigeants chinois ont accepté le principe d'une invitation à se rendre en visite officielle au Japon, lancée dimanche par le Premier ministre japonais Shinzo Abe, selon un communiqué conjoint.
C'est au Palais du Peuple, place Tiananmen, lors d'une cérémonie officielle avec les honneurs militaires marqués par 21 coups de canon que le chef du gouvernement chinois Wen Jiabao a accueilli en début d'après-midi son homologue japonais pour ce qui a constitué le premier sommet bilatéral depuis cinq ans dans la capitale chinoise.
La visite de Shinzo Abe - moins de 24 heures - est aussi sa première à l'étranger depuis son élection à la tête du gouvernement japonais, le 26 septembre. Accompagné par sa femme, Akie, le chef du gouvernement japonais, souriant, a serré la main de M. Wen et les deux hommes ont ensuite échangé quelques mots devant la presse avant de se retirer pour un tête-à-tête.
M. Abe s'est voulu optimiste alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l'établissement des liens diplomatiques en 1972. "Quand j'ai quitté Tokyo, le temps était beau et il pleuvait à Pékin. Après mon arrivée, le ciel ici s'est éclairci (...) je crois que nos relations bilatérales vont jouir du beau temps et je vais travailler à ce que notre dialogue progresse", a déclaré le nouveau Premier ministre japonais.
Le numéro un nippon, qui devait aussi rencontrer dimanche le président Hu Jintao, se rendra lundi en Corée du Sud dans le cadre d'une mission de réconciliation avec ses voisins, après les turbulences de l'ère Koizumi. M. Abe s'entretiendra également avec le président du parlement chinois, Wu Bangguo, ayant ainsi accès aux trois plus hautes personnalités du régime communiste.
"Je participe à ces sommets avec la volonté de ramener le ciel bleu sur l'avenir des relations", avait assuré M. Abe avant son départ de Tokyo dimanche, en s'engageant à expliquer à ses hôtes ses "véritables intentions" et à "dissiper tout malentendu s'il y en a". Les sommets bilatéraux du Japon avec la Chine et la Corée du Sud ont été suspendus à l'initiative de Pékin et Séoul, officiellement en raison des pèlerinages de l'ex-Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, au sanctuaire du Yasukuni, haut-lieu du nationalisme nippon.
La visite de M. Abe survient en pleine agitation régionale et internationale, au moment où la Corée du Nord, dont la Chine reste le principal allié, menace de procéder à un essai nucléaire. "Il faut empêcher les Nord-Coréens de faire un test nucléaire", a réaffirmé avant son départ M. Abe qui comptait avoir des "échanges de vue francs" sur la question avec ses hôtes chinois et sud-coréens. Le fait que les dirigeants de Pékin prennent le temps de recevoir M. Abe le jour même de l'ouverture du plénum annuel du Parti Communiste chinois (PCC) a surpris les observateurs à Tokyo et semblent indiquer l'importance qu'ils accordent à ce sommet.
Ce n'est pas pour autant qu'il faut s'attendre à une réconciliation spectaculaire. La défiance entre les deux géants d'Extrême-Orient a des racines bien plus profondes que de simples désaccords historiques : dispute pour le leadership régional, rivalités géopolitiques, course aux ressources énergétiques, question taïwanaise, etc.